De la pluvieuse Patagonie au désert d’Atacama: la remontée du Chili
Après ces trois mois dans le Grand Sud, nous voilà enfin à Puerto Natales, petite ville en Patagonie chilienne réputée principalement pour son magnifique parc national Torres del Paine où se côtoient montagnes, glaciers et grands lacs. Un petit paradis pour les amateurs de longues randonnées!
Le temps de profiter un peu de la beauté des lieux, de se dégourdir les jambes et de refaire de bonnes provisions pour au moins un mois de voyage, et nous voilà repartis. L’hiver approche et les températures baissent de plus en plus malgré notre remontée vers le Nord. Nous parcourons entre 40 et 50 miles nautiques par jour avant de poser l’ancre avant la tombée de la nuit dans différentes baies.
Un matin, nous sommes réveillés par le bruit de morceaux de glace qui se cognent contre les deux coques. Durant la nuit, l’eau a gelé autour de nous et le bateau se trouve désormais au milieu de petits « icebergs ». Nous sortons difficilement de la baie et rejoignons le canal. L’eau y est totalement recouverte d’une pellicule de glace. Mais pas question de faire demi-tour, car si la glace se fait plus épaisse les jours suivants, il nous sera impossible de continuer notre navigation. Naviguer à voile n’est pas une option. Il nous faudra donc utiliser le moteur et y aller très, très lentement. Quand la glace se fait plus dure et plus épaisse, je dois courir à l’avant du bateau avec une pagaie pour la briser à l’avant des deux coques afin que le bateau puisse se frayer un passage. La journée sera longue et épuisante, mais magnifique et tout simplement irréel.
Au bout de quelques jours, nous arrivons à Puerto Eden, l’un des villages les plus isolés au monde. Accessible uniquement par bateau, il n’y a aucune route sur l’île et on s’y déplace en marchant sur des sentiers en bois ronds construits en hauteur. Une centaine d’habitants y vivent, principalement de pêche, mais la majorité des pêcheurs ont déserté le village il y a plusieurs années en raison de la Marea Roja, une maladie qui touche les crustacés et les rend poison pour l’être humain. Puerto Eden porte mal son nom, car il est l’un des endroits les plus pluvieux au monde! La Patagonie en général reçoit jusqu’à 7000mm de précipitations par an, en comparaison avec 1000mm de moyenne au Québec. En gros, rares sont les jours où il y a ni pluie ou neige.
Chance du nouveau venu ou ironie du sort, il ne pleuvra pas pendant les deux jours que nous passerons là-bas… Nous traversons ensuite le Golfo de Penas, réputé pour donner du fil à retordre aux
navigateurs, car directement ouvert sur l’océan Pacifique. Le bateau file à vive allure malgré les vagues de plus de quatre mètres et nos estomacs tiennent le coup en dépit de la navigation mouvementée. Nous nous arrêtons en fin de journée à l’une des baies de l’autre côté du golfe et en profitons pour mettre en œuvre les techniques de pêche apprises par les pêcheurs du Sud. Nous posons un piège au fond de l’eau à environ 25 mètres de profondeur au milieu de la baie. Le lendemain, nous avons une bonne prise : cinq « king crabs »! Nous gardons seulement les deux plus gros. Ce soir-là, sera festin sur le bateau!
Outre la pêche au crabe royal, la région est connue pour ces nombreuses sources d’eau chaude. Nous avions entendu parlé par un autre « voileux » d’une source thermale dans les environs et après une bonne heure de recherche, nous apercevons enfin le graal: un rocher creusé naturellement dans lequel s’écoule l’eau de ladite source thermale. Une véritable baignoire 100% naturelle!
À quelques kilomètres du mouillage, un phare fait face à l’océan Pacifique et surveille l’entrée de la région de Chiloé. Nous nous rendons au phare à pied et après un peu plus de deux heures de marche, nous sommes accueillis par quatre militaires qui nous préparent un bon repas, heureux d’avoir enfin un peu de compagnie. Les habitants du phare y séjournent quatre mois puis sont relayés par un autre groupe. Ils sont ravitaillés uniquement à leur arrivée en bateau. Coupés du reste du monde, ils reçoivent toutefois de la visite deux ou trois fois par année d’autres navigateurs si leur voilier est ancré dans les environs.
Nous naviguons ensuite plusieurs jours au travers des magnifiques îles du Golfo de Ancud et nous profitons des sources d’eau chaude pour nous réchauffer. Un peu par hasard, nous tombons sur des bassins naturels où nous pouvons modifier la température de l’eau en déplaçant des pierres pour bloquer ou laisser s’écouler l’eau chaude provenant de la source.
Nous continuons notre remontée du pays et passons par Valparaiso, la plus grosse ville que
nous ayons vu depuis Buenos Aires en Argentine.
Une semaine plus tard, nous arrivons finalement à Antofagasta dans le désert d’Atacama où nous resterons deux mois pour préparer le bateau à la prochaine grande étape de notre voyage : la traversée de l’océan Pacifique.
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