Quand la passion devient un travail…
Découvrez comment deux jeunes entrepreneurs de Lévis fondent le centre d’escalade l’Accroché. Du risque que comporte l’escalade au risque qu’impose de se lancer en affaires, François Ferland et son associé, Philippe Rancourt, nous expliquent comment ils ont entrepris ce défi.
Q- LeBackyard : Comment est partie l’idée du centre d’escalade ? Le 9@5 en cravate, assis devant l’ordinateur ne vous attirait pas ?
R – L’Accroché (Frank) : Ayant travaillé dans le service à la clientèle, dans le domaine de la bouffe et de la bière, j’ai toujours apprécié le plaisir de rencontrer des gens. Après avoir fini mon secondaire, avoir voyagé une première fois en France, débuté une première année en soin infirmier, retourné une seconde fois en France pour la durée d’un mariage qui, au final, aura été une escale de 6 semaines me forçant à abandonner les soins infirmiers, j’ai décidé de prendre une pause, cette même pause qui allait m’envoyer dans l’Ouest canadien. Sans réelle raison, j’ai levé le pouce direction Tofino afin d’aller développer mon anglais et d’apprendre à jongler. Six semaines ont passé, six semaines à manger du riz et du thon… beaucoup de riz et de thon. La résultante de toutes ces belles rencontres était qu’il était temps pour moi de revenir voir mon monde. C’est avec l’autobus que j’entrepris le chemin du retour vers le Québec. Pour la modique somme de 90$ le billet, 4 journées à manger une diète de dépanneur, quelques lavages aux papiers bruns dans les « Truck Stop », j’ai fini par arriver à la Gare du Palais dans ma capitale natale, avec la crasse que j’ai accumulée au fur et à mesure que les kilomètres défilaient. Finalement, comme j’ai manqué le traversier me permettant d’atteindre la Rive-Sud, j’ai dû prolonger mon périple avec une nuit à la belle étoile sur un banc de parc de la Basse-Ville en attendant le premier bateau du lendemain…
De retour dans mon patelin, j’ai rejoint l’équipe du restaurant Il Theatro pour quelques mois avant de joindre ma nouvelle niche : le Corsaire. C’était l’emploi qui me permettait d’entreprendre mes sciences humaines et mes science politique, et de découvrir l’escalade. Les mois et même les années ont passé… Étant de plus en plus impliqué dans le développement de l’entreprise du Corsaire, j’ai vite compris que l’entrepreneuriat était quelque chose d’intérêt et d’accessible. Je devais prendre une décision. Combiner le travail, les études et l’escalade n’était pas de tout repos. Vous avez compris, il n’était pas question d’arrêter l’escalade, mais bien de passer à une nouvelle étape. Pourquoi ne pas joindre l’escalade et mon intérêt pour l’entrepreneuriat afin d’en créer un projet stimulant? Au moment de ces questionnements, mon chemin recroisa celui d’un vieux pot, Philippe Rancourt. Également mordu d’escalade et d’entrepreneuriat, il était entre 2 emplois et il a décider de prendre du temps, beaucoup de son temps, pour travailler sur le projet. Il avait quitté les bancs d’école suite à la réussite de son Baccalauréat en Administration des affaires de l’Université de Sherbrooke pour venir travailler à Lévis. Il était donc de retour dans la région.
Étant tous les deux un peu découragés de devoir aller à Québec pour grimper, l’idée d’ouvrir un centre d’escalade à Lévis émergea. Néophytes en affaires, nous avons décidé de suivre un cours en entrepreneuriat au Centre de Formation Gabrielle Rousseau afin de valider le projet, rencontrer les gens du milieu et réaliser une première étude de marché. Taux de sondage positivement élevé et appui des différents professionnels du centre de formation et de la population, il fallait maintenant trouver un local. Le défi consistait à en trouver un disposant de beaucoup de hauteur, car sans le défi des hauteurs pour grimper, les abonnés resteront sur la Rive-Nord.
Après huit mois de recherches infructueuses, nous avons décidé de faire appel à l’aide des journalistes. Un véritable appel à tous! Dès lors, le centre de la Cité Sportive de Pintendre nous a manifesté de l’intérêt à élaborer un projet collaboratif. Monsieur Steve Horth et Monsieur Christian Breton nous ont contactés pour nous proposer un site d’accueil intéressant. Un local dans lequel nous allions pouvoir littéralement défoncer le plafond. Autrement dit, un « Win Win situation ». Nous avions un partenariat intéressant et il nous fallait maintenant entamer le projet de hauteur. Pour ce faire, nous avons eu à faire affaire auprès d’une firme d’architectes pour concevoir le plan d’un tel agrandissement. Se lancer dans la démarche de consultation et de création des plans, coûtait plusieurs milliers de dollars, c’était un pari risqué. Cependant, c’était indispensable afin de faire estimer le projet d’agrandissement. Cette étape-ci déterminait si le projet prenait fin ou si nous passions à l’étape suivante.
Ce fut l’étape suivante qui fut engendrée et les rénovations pouvaient débuter…
Q- LeBackyard : Combien de temps s’est écoulé entre l’idée du projet jusqu’à la première ascension d’une voie dans le centre ?
R – L’Accroché (Frank) : 1 an et 9 mois. Nous savions qu’il y avait un beau potentiel sur la Rive-Sud de Québec. C’était un territoire vierge et nous tenions à être les premiers à ouvrir un centre d’escalade.
Q- LeBackyard : Avez-vous eu droit à une aide financière ?
R – L’Accroché (Frank) : Nous avons eu droit à la subvention pour jeunes entreprises puisque nous étions dans un domaine d’affaires bénéfique pour la santé du citoyen et sans concurrence directe. Également, la Société de Développement Économique (SDE) et, particulièrement, Madame Martine Cazes furent présentes et nous ont soutenus tout au long du montage financier et lors de la préparation du dossier. À noter que la SDE est maintenant le Développement économique de Lévis (DEL).
Q- LeBackyard : Comment se déroule la première année jusqu’à maintenant ?
R – L’Accroché (Frank) : Nous sommes satisfaits de la première année. Nous constatons une croissance des activités, des abonnements et de la clientèle des groupes. Les activités sont récurrentes et se déroulent super bien. Un beau défi s’annonce pour faire la transition de la 1re année à la 2e année afin d’élargir notre clientèle.
Q- LeBackyard : Quels sont vos prochains objectifs pour L’Accroché ?
R – L’Accroché (Frank) : Nous voulons développer le marché corporatif (dîner et conférence) et mettre l’accent sur le marketing du centre d’escalade. Également, nous désirons créer une coopération avec le Club de Montagne et d’Escalade des Appalaches au Mont Grand Morne afin d’accroître nos activités sur le territoire et avoir un site extérieur comme lieu de formation. Finalement, nous souhaitons aussi développer l’escalade de glace aux Chutes de la Chaudière.
Passons aux choses sérieuses !
Q- LeBackyard : Moment de frousse que vous avez vécu (en affaires et sur vos murs).
R – L’Accroché (Frank) : Le « gambling » des dessins de la firme d’architectes (en affaire) et j’ai déjà fait une ‘’faucheuse’’ devant un groupe scolaire lors d’une démonstration (sur une voie).
Q- Le Backyard : Qu’est-ce que vous considérez comme étant votre meilleur coup ?
R – L’Accroché (Frank) : Le fait d’avoir embauché Marc Antoine Gagnon. Un type d’une grande polyvalence, professionnel, expérimenté, passionné fini, et très qualifié (carte pour guider en escalade de glace et de rocher).
Q- LeBackyard : Lorsque vous grimpez, quelles musiques écoutez-vous?
R – L’Accroché (Frank) : Ces temps-ci, The XX, The Black Keys, Street Lights Manifesto (catch 22).
Q- LeBackyard : Votre alimentation la veille d’une grosse journée d’ascension ?
R – L’Accroché (Frank) : Pasta !
Q- LeBackyard : Quel est votre après-escalade préféré ?
R – L’Accroché (Frank) : Poutine, Beer & Baby Foot.
Q- LeBackyard : Quel est le voyage d’escalade ultime que vous aimeriez entreprendre ?
R – L’Accroché (Frank) : Le parc du Yosemite, particulièrement El Capitan ou retourner à Majorque pour faire du deep water solo en Espagne.
Q- LeBackyard : Qui est ton idol (e) ?
R – L’Accroché (Frank) : Ashima Shiraishi 14ans, ça dépasse l’entendement. Elle inspire toute une génération à repousser leurs limites!
Bonne grimpe et bon succès !
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-LeBackyard-