*Prélude
Parce que partager les sentiers et les montagnes, ça fait partie de la solution !
Cela fait plusieurs années que nous fréquentons le Mont des Morios de la région de Charlevoix, été comme hiver, en souliers de rando tout comme en skis hors-piste, et à chaque fois que nous sommes redescendus de ce dernier, nous nous disions : ça doit être une sapré belle descente à faire en vélo. Le genre de longue descente qui offre des panoramas grandioses, qui sollicite le cerveau sans cesse afin de décoder le terrain et voir cette ligne sauvage. De la roche, des racines, de la pente abrupte, des tournants prononcés, des tronçons à compléter avec le vélo sur les épaules, le rêve quoi !
Cependant, nous savions que de partager cette descente à vélo sur le Mont des Morios pourrait provoquer une grogne chez certains adeptes de randonnée. Nous sommes conscients, qu’au Québec, le concept de partage des sentiers demeure quelque chose de marginal et que cette question, ou plutôt cette réflexion, n’avait jamais réellement été lancée ouvertement auprès des communautés. Au stade où nous en sommes dans notre culture du plein air, c’est-à-dire, à se demander si, oui ou non, un chien est acceptable dans un sentier, à des milliers d’endroits dans le monde (l’Ouest canadien, l’Islande, la France, en Suisse et autres pays), vélos et randonneurs partagent la montagne. Au moment où l’on observe un engouement sans précédant pour le plein air, jamais au paravant nous n’avions observé autant d’égoïsme, de localisme et d’appropriation territoriale (MA montagne, MA neige, Mon sentier, etc). On devrait s’en réjouir, mais on chasse les sorcières et on cherche des fautifs. Les expériences ne sont-ils pas fondamentales à la prise de conscience et à l’amélioration ? Nous sommes de plus en plus nombreux à pratiquer des activités de plein air, ce qui, en soit, est une maudite bonne nouvelle. Cependant, vient avec l’augmentation d’adeptes, le manque d’espace. Les plus curieux explorent toujours davantage et plus loin, les sports évoluent sans cesse et les activités / sports sollicitent les mêmes territoires. Notre culture du plein air a grand besoin d’évoluer et le partage des territoires doit faire partie des réflexions de solutions.
On passe à la confesse, nous avons dormi à mainte reprises sur Morios à observer des étoiles et nous l’avons marché plusieurs fois. Chaque fois que nous l’avons quitté, nous avons pris grand soin de laisser le moins de traces possibles de notre passage, parce qu’on l’aime cette montagne. Explorer autrement fait partie de notre ADN et le spirit de la montagne coule dans nos veines. Nous avons pris la décision d’explorer Morios à vélo et de vous le partager, car nous sommes persuadés qu’il est possible de pratiquer différents sports sur un même sentier et de partager la montagne tout en la respectant et en ne nuisant pas à tout un chacun.
Explorer le Mont Morios à vélo !
Nous avons l’habitude de faire du #bikehike lorsque vient le temps d’explorer une nouvelle montagne à vélo, c’est-à-dire grimper la montagne avec son vélo sur ses épaules. Cette fois-ci, ce fut un peu spécial puisque nous avons eu l’opportunité d’accéder au sommet de la montagne par la voie des airs via Héli-Charlevoix. L’approche qui devait être un #bikehike s’est transformée en #hélibike ! Lorsque nous avons contacté Benoit (d’Héli-Charlevoix) afin de valider la faisabilité de ce projet, plusieurs éléments étaient à prendre en considération :
- Est-ce que le vélo se transporte par hélicoptère ? Oui, en désassemblant le guidon, les roues et le dérailleur.
- Quelle sera la consommation d’essence ? 40L à l’heure, donc pour un vol de 20 minutes, on parle d’environ 13L d’essence. De plus, le carburant d’aviation rejette moins de déchet dans l’atmosphère qu’un carburant automobile conventionnel.
- Est-il possible de se poser sur le Mont Morios sans avoir un impact sur la flore ? Oui, sur un petit plateau rocheux.
- Est-il possible de se poser sur le Mont Morios immédiatement après le lever de soleil afin d’entamer la descente le plus tôt possible et éviter le trafic des randonneurs ? Oui.
- Est-ce qu’il y a de la disponibilité un jour de semaine afin d’éviter la cohue du weekend ? Oui.
- Est-ce que le réseau fonctionne toujours sur le sommet (en cas d’urgence et communication) ? Oui.
C’est un GO
Une fois arrivés au sommet, nous rassemblons nos vélos et nous prenons grand soin de circuler sur le sentier afin d’explorer quelques structures de roche. La météo est parfaite, le lever de soleil est magnifique, cela fait 5 jours qu’il n’a pas mouillé, alors le sol est bien sec et il y a une absence total de vent. Bref, les conditions parfaites pour réaliser ce genre de projet.
La partie descente débute !
Une fois que nous avons complété le secteur du plateau en compagnie des Inuksuks et après s’êtres régalés de structures rocheuses, était venu le moment de la descente. Sur le Morios, il est possible de redescendre par deux options, le tronçon l’Expert (B) ou le tronçon (A). En vélo, oubliez tout de suite l’option du tronçon (B) puisqu’il faut utiliser des cordes afin de faire face au type de terrain et de son inclinaison très abrupte. C’est donc dans le tronçon (A) que nous nous élançons. Le terrain est très technique et propose de la pente raide, des racines, des virages super serrés, des structures de roche et des points de vue époustouflants ! Dans le langage de vélo de montagne, ce sentier propose de nombreux passages « losange noir » ainsi que plusieurs passage « double losanges noirs », donc pour cyclistes aguerris seulement.
Toute bonne chose a un au revoir !
Lors de notre descente, nous avons croisé 12 randonneurs. Au delà d’être surpris de voir qu’un vélo pouvait circuler dans un tel sentier, nos échanges avec ces derniers étaient très sympathiques. Nous avons pris le temps d’expliquer ce qu’était le projet et, de manière unanime, l’idée de partage de la montagne semblait intéresser et être acceptée auprès des randonneurs croisés. La descente s’est déroulée très tranquillement et surtout très prudemment, pour une durée d’environ 1h30 (7 à 8 km). Il a été possible de rouler environ 90% du sentier, ce taux peut possiblement chuter à 70% si le sentier est mouillé. Lors de ce projet, nous avons ramassé les déchets trouvés sur notre chemin : un petit coin d’emballage de barre tendre ainsi qu’une belle spork flambant neuve, le sentier était très propre !
Nous sommes conscient que cette article ne fera pas l’unanimité. Cependant, nous l’avons fait, car tout comme vous, nous rêvons de montagnes. Il y a quelque chose de fondamental et de commun dans chacune des communautés de plein air, on aime nos territoires et nous désirons tous les conserver ce qui, en soit, n’empêche aucunement de les partager. Ensemble, soyons tous meilleurs…
Droit d’accès et comment s’y rendre
Merci au photographe Nicholas Spooner pour les magnifiques photos
EXPLORE. INSPIRE. PARTAGE.
-LeBackyard-
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