De La Solitude Dans Ma Poche
Fin de journée, 26 novembre 2015, après avoir miroité plusieurs projets de fin de semaine, je ramasse mon matériel de camping, j’opte pour le sac de couchage -20, je ramasse les deux wetsuits, la planche de surf, mon équipement de ski, des Cliff Bar, une boite de céréales, un thermos rempli de café bien chaud, un sandwich au jambon et moutarde de Dijon … et j’ajoute dans le sac deux bières de la microbrasserie l’Alchimiste. Direction le Mont Sugarloaf (ME) pour y trouver la première neige skiable de la saison.
Sur la route, le soleil est au rendez-vous, et il n’est pas le seul. Je fais la rencontre d’un groupe de dindons sauvages à l’apparence amicale. Cependant, à la manière dont ils m’ignorent, ils ne semblent pas partager le même sentiment de camaraderie que j’ai à leur égard. Je continue mon chemin en contemplant le couché de soleil à l’ouest de ce qui semble être le Mont Sugarloaf. À mon arrivée, au crépuscule, le village est fantôme et parmi le peu d’entreprises locales, toutes affichent fermées. J’avais oublié que nous sommes le Thanksgiving (ironique non ?). J’emprunte donc un chemin forestier au pied de la montagne pour y trouver un endroit tranquille où je peux monter mon setup de « car-camping ».
Banquette arrière baissée, j’installe mes skis et ma planche de surf sur les barres du toit afin d’optimiser l’espace intérieur du Outlander. À 18h, la température oscille sous la barre du 0 degré. Je rentre dans mon sac de couchage, je débouche une Bock de Joliette (bière forte ambrée) et j’engloutis mon sandwich. Je suis envahi par une obscurité dont la noirceur totale donne presque que le mal de mer. J’en profite donc pour plonger dans les aventures de Bernard Moitessier à la lumière de ma frontale.
C’est à cet instant précis que j’ai ressenti une fracture avec mon quotidien. Emmitouflé au chaud dans mon sac de couchage à l’intérieur d’une caisse en métal et de plastique, je viens de trouver la solitude. Vulnérable de mon environnement extérieur, je suis pourtant bien vivant et réceptif au moment. Je suis avec moi même comme trop peu souvent nous nous offrons cette expérience. Loin d’être perdu, je viens de me trouver…
Le lendemain, à l’aurore, après quelques glisses matinales sur une neige aux formes de petites billes, c’est avec l’esprit rassasié de cette mystérieuse noirceur que je mets un peu de sud dans mon cap pour aller chercher les dernières vagues automnales de la côte nord-est américaine.
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-LeBackyard-